Deux ans de pression exercée par ses employés et par la puissante association de défense des droits civiques American civil liberties union ont fini par faire plier Amazon dans sa stratégie de commercialisation de la reconnaissance faciale. Le géant de l’e-commerce et du numérique a annoncé, le 10 juin, interdire à la police américaine l’usage pendant un an de sa technologie d’identification des visages Rekognition.
Les manifestations historiques contre les violences policières et le racisme qui secouent les États-Unis depuis des semaines ont bien sûr influé sa décision. Tout comme les précédentes annonces de Microsoft et IBM, qui suspendent la vente de leurs outils de reconnaissance faciale aux forces de l’ordre. Que ceux qui développent ces technologies admettent leurs biais discriminatoires et leur possible utilisation pour faire du profilage racial, comme le dénonce le mouvement Black lives matter, est une bonne nouvelle. Mais ne soyons pas dupes quant à la portée de ces annonces. Rien n’empêchera les trois géants, soucieux de redorer leur image, de lever leur moratoire dans quelque temps, notamment après avoir corrigé certains biais de discrimination. Et même s’ils cessaient définitivement leurs relations commerciales avec la police, une flopée d’entreprises est là pour prendre leur place. À commencer par Clearview AI, pépite américaine controversée qui propose d’identifier l’auteur d’une infraction en confrontant sa photographie à sa base de données (alimentée par trois milliards d’images aspirées sur les réseaux sociaux).
En Europe, au moins quinze États ont déjà expérimenté des technologies de reconnaissance faciale pour la surveillance de masse, notait en mars l’association European digital rights. Peu se fournissent auprès des géants américains. Selon le réseau de défense des libertés numériques Technopolice, citant le guide de l’Association nationale de la vidéoprotection, 35 villes françaises se sont équipées du logiciel d’identification des visages à partir des images de vidéosurveillance vendu par Briefcam, filiale israélienne de Canon. Les technologies sont là, disponibles. Ce ne sont pas les annonces de trois groupes, bien que de poids, qui en limiteront l’usage sécuritaire, mais bien un cadre législatif contraignant. Et international de préférence.
June 28, 2020 at 11:30PM
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[Science-friction] Les géants du net mettent la reconnaissance faciale en pause - Numerique - L'Usine Nouvelle
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