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Tuesday, August 25, 2020

GAM - La « grande pause » - A quoi sert l'économie maintenant ? - PATRIMOINE24

taritkar.blogspot.com

Amy Kam explore les opportunités qui pourraient se présenter aux investisseurs responsables ESG proactifs pour contribuer à l’élaboration d’un modèle économique durable après la « Grande Pause ».

AMY KAMAprès la Grande Guerre (1914-1918), des pics de croissance ont été observés dans l’économie mondiale lorsque des fonds privés mis en réserve sont retournés en masse sur les marchés. Ces gains ont été en partie perdus lors de la pandémie de grippe espagnole. De graves problèmes ont ensuite accablé l’économie mondiale d’après-guerre, ce qui a provoqué la Grande Dépression. La réponse des Etats-Unis a alors été d’adopter des politiques du « beggar-thy-neighbour » (dépouille ton voisin) dans le domaine du commerce international, l’une d’entre elles étant le protectionnisme. Alors que nous faisons le point après le choc économique initial de ce qui pourrait la première phase de la pandémie de l’époque (la Covid-19), les politiques protectionnistes sont remises au goût du jour par les Etats-Unis avec la stratégie de Trump de l’« Amérique d’abord ». Que doit-on donc attendre de l’économie mondiale à l’aube de cette « Grande Pause » ? Que peut faire un investisseur proactif et responsable en matière d'ESG1 pour contribuer à remodeler notre économie ?
L’auteur de fiction écossais du XIXe siècle Robert Louis Stevenson peut nous éclairer :

« Ne jugez pas chaque jour par ce que vous récoltez, mais par ce que vous semez. » 2

Afin d’explorer la question « A quoi sert l’économie maintenant ? » dans son contexte, un investisseur des marchés émergents asiatiques doit évaluer certains facteurs d’importance. A l’approche de l’élection présidentielle de novembre 2020, les Etats-Unis redoublent leurs efforts3 visant à redessiner la carte des chaînes d’approvisionnement mondiales. L’administration Trump fait pression pour en exclure la Chine (en rapatriant les usines de l’étranger), alors que les faucons de Washington font valoir que la façon dont elle a géré la pandémie a donné raison aux Américains inquiets de faire des affaires avec ce pays.

Pour sa part, la Chine cherche à obtenir son indépendance technologique. Le pays tente de tirer les leçons de son passé relativement récent, lorsque Taïwan et les Etats-Unis ont progressé rapidement dans le domaine des protocoles internet au cours des années 1980, alors qu’elle s’occupait d’autres choses. Cela a rendu la Chine vulnérable et actuellement dépendante des Etats-Unis. Les décideurs politiques de Pékin cherchent donc maintenant comment gérer la poursuite inévitable du découplage des chaînes d’approvisionnement technologiques des deux pays.

Les marchés en Asie, comme tous les autres, sont brièvement passés par une phase de turbulences en mars 2020. L’épidémie de coronavirus, signalée pour la première fois à Wuhan à la fin de l’année dernière, a conduit à la première phase du ralentissement économique actuel. Les prix du pétrole se sont effondrés, aggravant encore la crise, et les actifs risqués ont été soumis à de graves pressions. C’est seulement lorsque les banques centrales ont agi début mars que le marché a touché le fond et que la reprise a commencé. Dans l’état actuel des choses, les décideurs politiques sont impatients de faciliter un retour à la normale. Cependant, la vie dans le monde d’après la Covid-19 aura certainement changé. Par conséquent, toute approche de court terme pour trouver une solution devra être au moins modérément durable. 

De ce point de vue, il est de plus en plus important que les 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies soient inclus dans un cadre mondial unifié et cohérent. Ces objectifs ambitieux comprennent un engagement mondial à mettre fin à la pauvreté, à réduire les inégalités et à lutter contre le changement climatique d’ici 2030. Ainsi, nous nous félicitons des derniers travaux de l’International Capital Market Association’s (ICMA). Son analyse des ODD fournit en effet aux émetteurs, aux investisseurs et aux participants du marché obligataire un cadre de référence pour évaluer les objectifs financiers d’un programme donné d’obligations vertes, sociales ou durables.4

Etant donné que toutes les conséquences du choc économique provoqué par la Covid-19 ne sont pas encore survenues, nous restons prudents en matière de prévisions pour le moment. Cela dit, nous pensons que la classe d’actifs des obligations asiatiques occupe un segment privilégié du marché. Les décideurs politiques et les banques centrales doivent apporter un soutien important pour éviter une crise de liquidité immédiate. Pour que les pays asiatiques redémarrent sur de nouvelles bases et atteignent leur potentiel de croissance, et pour garantir la durabilité de cette croissance, des mesures similaires à celles prises pour lutter contre le changement climatique pourraient être adoptées. Cela impliquerait d’adhérer aux valeurs de durabilité et de saisir les opportunités d’investissement vert : construction de pistes cyclables pour réduire le nombre d’autobus ou de voitures, logement intelligent et énergie renouvelable par exemple. Que doit donc faire l’investisseur proactif et responsable en matière d'ESG après la Grande Pause ? Encore une fois, après la Covid-19, à quoi sert désormais l’économie ? Doit-on privilégier la protection des vies humaines, ou maximiser les profits pour cette année, pour les 10 années à venir ou même plus longtemps ? Comment arbitrer entre les besoins souvent contradictoires des seniors, établis dans la vie, et ceux des plus jeunes, qui le sont moins ? Alors que la plupart des pays ont agi d’une façon bonne pour « nous, en tant que communauté » afin de combattre le coronavirus, y aura-t-il un changement durable de paradigme ? L’approche des gens est passée du « moi » au « nous » pratiquement du jour au lendemain. Cette évolution survivra-t-elle à l’assouplissement des mesures de confinement, et quel impact cela aura-t-il sur nos attitudes face au changement climatique ?

Les réponses à ces questions pertinentes ne sont peut-être pas encore claires, même si je suis sûre qu’une économie durable est essentielle pour les marchés émergents. Il me semble aussi évident que l’Asie a les ingrédients et toutes les ressources nécessaires pour rendre cela possible, ce qui constitue une proposition risque/rendement intéressante.

Il revient à l’investisseur ESG responsable de ne pas rechercher uniquement le rendement. Il doit aussi, et c’est important, allouer de manière proactive des ressources aux investissements durables, maintenant plus que jamais, et contribuer à une économie durable en Asie. Nous avons appris que contrairement à une idée reçue selon laquelle les investisseurs obligataires n’auraient guère d’influence sur les décisions des émetteurs, des interactions fréquentes entre ces investisseurs et les émetteurs influencent véritablement les comportements.

« Nous n’acceptons pas simplement ce que l’on nous propose, nous participons à l’élaboration des placements. C’est ça l’investissement responsable. » 5

Pourtant, le ciel des obligations ESG n’est pas sans nuages. Nous reconnaissons qu’il existe des désaccords sur ce point, certaines études montrant que le « E » et le « S » ne sont pas rémunérés. Ces facteurs environnementaux et sociaux n’apporteraient aucun rendement supplémentaire aux détenteurs d’obligations, probablement parce que les horizons d’investissement sont différents (échéance de l’obligation contre horizon du projet). Ce sont des facteurs à long terme : des considérations de développement durable créeront une tendance séculaire qui fournira de meilleures performances de long terme aux investisseurs et un financement moins coûteux aux entreprises « vertes ». Nous gardons l'espoir qu'il y ait suffisamment d'investisseurs finaux avec des horizons d'investissement à long terme. Les fonds à thématique ESG sont constamment confrontés à ce défi.

L’augmentation des émissions d’obligations sociales après l’apparition de la Covid-19 suscite une autre observation, en particulier dans les économies les plus avancées. Selon nous, il est cruellement ironique que des pays dont un pourcentage significatif de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté et dont 70% des travailleurs sont employés dans des segments vulnérables/à la journée aient besoin d’obligations sociales pour les aider à résoudre leurs problèmes, mais sont actuellement évincés du marché. Les « obligations sociales » sont un pilier plus récent et moins bien établi de l’édifice ESG. Encore une fois, nous pensons que la reconnaissance d’un cadre unifié accepté par tous est nécessaire.

Plus généralement, la classe d’actifs des obligations d’entreprises en monnaies fortes asiatiques présente de nombreux aspects intéressants du point de vue de la construction de portefeuille : la taille, la liquidité, la notation moyenne investment grade, la faible corrélation aux prix du pétrole et aux matières premières, et une gamme complète d’économies allant de Singapour, noté AAA au Pakistan, noté B-. Cela dit, la région est également confrontée à certaines problématiques spécifiques et connexes, comme :

  • Le besoin de sécurité énergétique
  • Le besoin d’infrastructures
  • Une grande partie de la population aux revenus faibles à moyens
  • La gouvernance - la perception de problèmes potentiels en matière de reporting et d’utilisation des fonds

Malgré ces défis, je pense que cette région offre de formidables opportunités. Vraisemblablement, la croissance est la seule manière d’éviter une augmentation de l’endettement après la fin de la bataille contre la Covid-19. L’Asie est la mieux placée, selon nous, en tant que moteur de la croissance mondiale. Ayant prouvé que sa volatilité était relativement faible, elle est une bonne prétendante au titre de région aux meilleurs rendements ajustés du risque. Parallèlement, la marge de progression en matière de lutte contre le changement climatique y est énorme. Les investissements à thématique ESG devraient être privilégiés pour assurer un avenir durable, car le changement climatique n’est plus seulement un risque lointain.

La Covid-19 a provoqué des réflexions profondes sur les finalités de l’économie, l’intervention croissante des Etats encourageant des débats sur l’efficacité de l’allocation des capitaux, les problèmes d’aléa moral et les risques politiques et géopolitiques. La distanciation physique, les confinements au niveau national et le travail à domicile ont bouleversé nos vies quotidiennes et remis en cause le type de modèle économique que nous pourrions souhaiter pour l’avenir. Il existe un parallèle intéressant entre cette intervention des Etats pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et celle requise pour stopper le changement climatique : toutes deux nécessitent une coordination mondiale, suscitent un conflit d’opinions entre générations et demandent que des mesures à court terme soient prises, justifiées par des objectifs à long terme. Dans le cas de la Covid-19, les gouvernements tentent de faire appliquer des politiques qui peuvent redéfinir l’avenir et bouleverser les paramètres sur lesquels les modèles économiques des entreprises reposent. Nous continuons d’espérer que ces mesures pourront s’appliquer de concert avec la promotion des facteurs ESG et la lutte contre le changement climatique aux niveaux mondial, régional, national, des entreprises et individuel.

Pour preuve, l’ONU demande instamment à ce que cette reprise prenne la forme d’un « redressement écologique », et que nous « reconstruisions mieux »6 en mettant fin à la dégradation de la planète et en réduisant les inégalités. L’ONU avertit que « si l’on essaie de reprendre le cours de nos affaires comme d’habitude, [...] la facture finale en sera multipliée. »

Le marché, c’est nous, et comme Robert Louis Stevenson, j’encourage tous les acteurs, en tant qu’individus et investisseurs, à se juger non pas sur les gains à court terme d’une récolte aujourd’hui, mais sur ce qu’ils sèment pour un avenir durable.

Par Amy Kam, Investment manager chez GAM Investments

1 Facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance
2 Robert Louis Stevenson
3 Reuters : Keith Krach, sous-secrétaire à la croissance économique, l’énergie et l’environnement au Département d’Etat des Etats-Unis.
4 https://www.icmagroup.org/assets/documents/Regulatory/Green-Bonds/June-2020/Mapping-SDGs-to-Green-Social-and-Sustainability-Bonds-2020-June-2020-090620.pdf
5 Amy Kam
6 https://news.un.org/en/story/2020/05/1064752

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August 25, 2020 at 11:21AM
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