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Thursday, August 20, 2020

São Paulo : la Cinemateca brasileira en pause forcée - Next

taritkar.blogspot.com

Avec Jair Bolsonaro, au pouvoir depuis janvier 2019, la culture au Brésil est devenue un champ de bataille. Voire un champ de ruines. Plus de ministère (supprimé au profit d’un simple secrétariat à la Culture, auquel se sont déjà succédé cinq titulaires en moins de deux ans), des budgets amputés sans pitié, le retour informel de la censure… Et maintenant, la Cinémathèque à l’agonie.

Sous autorité fédérale, mais siégeant à São Paulo depuis sa fondation dans les années 40, la Cinemateca brasileira, mise au pain sec par le gouvernement, s’est récemment vue contrainte de paralyser ses activités. Ses 52 employés ont été licenciés. Son fonds d’archives, l’une des principales collections d’images animées d’Amérique latine (dont une bonne part se compose encore de bobines de nitrate, substance sujette à l’autocombustion), est en péril. Car la vénérable institution n’a même plus de quoi payer sa facture d’électricité… Il a fallu l’intervention d’un élu de São Paulo pour dissuader in extremis le fournisseur d’énergie électrique de lui couper le courant.

Contrat expiré

«Ce qui arrive est un génocide culturel», dénonce la réalisatrice Paloma Rocha, qui se refuse cependant à retirer des lieux l’œuvre de son illustre père, Glauber Rocha, chef de file du Cinema novo, la Nouvelle Vague brésilienne. «La Cinemateca, mon père y est depuis plus longtemps que ce gouvernement de crétins.» Cette année, et malgré une dotation budgétaire de l’équivalent de 2 millions d’euros pour la Cinémathèque, pas un sou n’a été débloqué, sous prétexte que le contrat de l’Acerp, l’association qui en assurait la gestion depuis 2018, était expiré. Le gouvernement n’ayant pas souhaité le renouveler, le secrétaire à l’Audiovisuel, Helio Ferraz, est venu prendre possession des lieux le 7 août, escorté de policiers armés.

Une provocation qui a enflammé encore un peu plus les esprits. «L’Acerp n’était pas hostile au gouvernement, mais sans être totalement sous son contrôle, souligne Maria do Rosário Caetano, journaliste spécialisée dans le cinéma, qui prête au chef de l’Etat un «projet autoritaire». «Or, ils veulent un partenaire qui ait leur confiance totale, dans le but de faire de la Cinémathèque une vitrine pour leurs idées sur la culture», comme l’an dernier, avec cette tentative ratée de programmer une Mostra de films militaires. «La direction savait que nous étions tous contre», raconte une ancienne employée.

Le milieu du cinéma et les amis de la Cinémathèque retiennent ainsi leur souffle, dans l’attente de l’annonce d’un nouveau partenaire pour en assurer la gestion. Selon le cinéaste Roberto Gervitz, cheville ouvrière du mouvement SOS Cinemateca, le secrétaire à l’Audiovisuel promet que l’autonomie de la Cinémathèque sera respectée, démentant au passage toute intention de la transférer à Brasília. Mais l’activiste reste prudent : «Au Brésil, rien n’est jamais acquis, encore moins sous Bolsonaro, qui appréhende en ennemi le secteur culturel, son opposition la plus audible.»

«Mobilisation» 

Entre-temps, des mesures d’urgence, comme la mise en place d’une brigade anti-incendie, ont finalement été annoncées pour sécuriser les archives et garantir les services de base. «La Cinémathèque, Jair Bolsonaro ne sait même pas ce que c’est au juste, poursuit Roberto Gervitz. Mais le gouvernement s’est vu contraint d’agir. La mobilisation a payé.» Son manifeste a été notamment signé par la Berlinale, la Fédération internationale des archives du film et la Cinémathèque française (laquelle avait inspiré la création de son émule brésilienne). L’action du parquet, qui accuse Brasília d’«abandonner», voire d’«asphyxier financièrement» l’institution gardienne du patrimoine audiovisuel du pays, a également été décisive. La crise de la Cinémathèque, qui a connu son âge d’or sous l’ancien ministre de la Culture de Lula, le chanteur Gilberto Gil, est certes antérieure à l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Mais avec Jair Bolsonaro, «on touche le fond», résume la journaliste Maria do Rosário Caetano. Ses prédécesseurs étaient accusés de ne pas en faire assez pour la culture. Lui, de vouloir la détruire.

Chantal Rayes Correspondante à São Paulo


August 20, 2020 at 10:21PM
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2 comments:

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